La finance à impact : décryptage
“Faire de Paris le premier centre financier mondial de la finance à impact”, un objectif fixé le 25 mars 2021 par Le Ministère de l’Économie et des Finances en collaboration avec Finance For Tomorrow lors du lancement d’un groupe de travail pour promouvoir la finance à impact. Au premier abord, c’est un objectif très motivant et même séduisant ! Mais concrètement, que signifie la finance impact ? Comment cet “impact” est-il mesuré ? Existent-ils de véritables enjeux ou est-ce à nouveau du “green-washing” ? Comment un épargnant peut-il y contribuer ? Quels sont les supports d’investissement existants ?...
Noyé sous la masse d’information, il est à ce jour difficile de comprendre ne serait-ce que les différences entre la finance “verte”, la finance “durable”, la finance à “impact” ou encore la finance “responsable” !
C’est pourquoi nous avons décidé de vous faire un tour d’horizon complet sur la finance à impact et de répondre simplement à toutes les questions que vous vous posez sur le sujet !
1. Qu'est-ce que la finance à impact ?
Pour comprendre de quoi il s’agit lorsqu’on parle de finance à impact, il faut d’abord définir le terme de finance responsable, car c’est elle qui est à l’origine de toutes les finances dites “vertes”. 🌱
En effet, la finance responsable est le regroupement de l’ensemble des pratiques financières qui visent à la fois la rentabilité financière et la prise en compte de critères extra-financiers comme l’environnement (réduction de la consommation d’électricité, recyclage des déchets, etc.), le social (réduire le nombre d’accidents du travail, respect de la parité et du nombre de personnes en situation de handicap, etc.) et la gouvernance (la lutte contre la corruption, la transparence des salaires des dirigeants, une plus forte présence des femmes dans les conseils d’administration, etc.).
Comme nous l’avons évoqué précédemment, la finance à impact est une partie de la finance responsable, c’est-à-dire qu’elle vise à atteindre des objectifs plus précis. Et pour cause, les investissements à “impact” sont ceux qui :
- Recherchent explicitement à avoir un impact environnemental et social positif (Intentionnalité)
- Contribuent à maximiser l’impact environnemental et/ou social des entreprises financées (Additionnalité)
- Mesurent leurs impacts environnementaux et sociaux dans le temps et de façon continu, afin de les communiquer aux investisseurs en toute transparence (Mesurabilité)
Le fait que la finance à impact doit répondre à des objectifs de résultats mesurables sur des critères extra-financiers (exemple : la réduction des émissions de CO2) la rend en quelque sorte plus exigeante et pro-active que la finance responsable. C’est une sorte de garantie pour éviter tout phénomène de “green-washing”, et ainsi crédibiliser la finance à impact auprès des investisseurs.
Mais comment ces critères sont-ils mesurés ? 🤔
2. Comment est mesurée la finance à impact ?
☝️ Avant de s’intéresser à la façon de mesurer les critères à “impact”, on va dans un premier temps comprendre pourquoi il est important de les mesurer.
En effet, la mesure de l’impact favorise les deux parties prenantes concernées : les investisseurs et les entreprises ou organisations à impact.
Elle va notamment servir aux investisseurs :
- De communiquer sur l’impact social et environnemental de leurs investissements
- De fournir des données fiables et transparentes à leurs investisseurs
- De suivre les objectifs environnementaux et sociaux fixés
- D’identifier des opportunités d’investissement à impact
Tandis qu’elle va permettre aux entreprises ou organisations à impact :
- De se revendiquer comme un acteur à l’impact social et environnemental positif
- De communiquer sur leur statut d’entreprise ou organisation à impact
- De suivre et améliorer leurs objectifs environnementaux et sociaux
- De débloquer d’éventuels financements
Sans surprise, il est en effet primordial pour chacune des parties prenantes de mesurer l’impact !
Mais comment font-elles ? 🤔
Bien que les objectifs de la finance à impact soient clairs, les méthodologies d'appréciation et de notation sont diverses, et souvent propres à chaque société de gestion. Il n’existe donc pas encore à ce jour de méthodologie universelle.
Cela ne veut pas dire que la finance à impact ne mesure aucuns facteurs environnementaux et/ou sociaux, mais que les parties prenantes déterminent elles-mêmes leur propre méthodologie d’appréciation et de notation de ces critères.
Une énième désillusion donc pour les épargnants quant au secteur de la finance responsable… En effet, comment peuvent-ils être sûrs de la fiabilité des critères et des objectifs environnementaux et sociaux fixés par les investisseurs ? 🤷♀️
En effet, sans cadre commun universel, il sera impossible de ne pas croire à un éventuel “green-washing”, et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle c’est devenu le premier enjeu à relever (Source : GIIN, 2020 Annual Impact Investor Survey, 2020). Ce sujet a également fait partie des principaux points abordés lors de la réunion entre Le Ministère de l’Économie et des Finances et Finance For Tomorrow le 25 mars 2021, à l’occasion du lancement du groupe de travail pour promouvoir la finance à impact en France.
Cependant, le sujet n’est pas nouveau puisqu’en 2016, 16 acteurs internationaux du secteur comme le Global Impact Investing Network (GIIN), le Principles of Responsible Investment (PRI) ou encore le Global Reporting Initiative (GRI) ont commencé à se pencher sur le sujet à travers l’Impact management project.
Un projet qui vise justement à établir un consensus sur la mesure, la gestion et la communication des impacts sur la durabilité. Celui-ci permettra donc de fournir aux entreprises et investisseurs à impact des lignes directrices cohérentes sur la façon de mesurer, de rapporter, de comparer et d'améliorer l’impact. Il va également permettre d’identifier les domaines et secteurs qui ont besoin d’être impactés positivement sur le point environnemental et social.
3. ISR et finance à impact : quelles différences ?
Plus connu à ce jour que la finance à impact, l’Investissement Socialement Responsable (ISR) est également une branche de la finance responsable. 🌱
À la lecture de la première partie de cet article, vous n’avez d’ailleurs probablement pas vu les différences entre ces deux-ci, et elles ne sont pas évidentes, c’est pourquoi nous allons vous présenter succinctement et simplement celles-ci :
- L’ISR a pour objectif de sélectionner les entreprises les plus responsables de son univers d'investissement et même d’améliorer le côté environnemental, social et de gouvernance d’une entreprise, alors que la finance à impact va chercher à avoir un impact environnemental et social positif (sur la biodiversité, les énergies propres, l'accès à la santé, etc.) tout en étant mesurable.
- Selon le degré d’intensité du fonds ISR, il peut exclure ou non des entreprises et/ou secteurs ayant une activité néfaste sur l’environnement comme la production d’énergies fossiles (ex : Total). La finance à impact quant à elle finance des entreprises ayant un impact positif socialement et environnementalement comme la production d’énergies propres, mais elle peut également financer des groupes pétroliers, à condition que celui-ci ait un objectif de transition en cours de réalisation. On peut donc trouver des entreprises similaires dans l’ISR comme dans la finance à impact, mais pas dans le même objectif.
☝️ Bien que ces deux méthodes d’investissement soient complémentaires, on remarque tout de même que la finance à impact cherche à avoir un impact plus positif que l’ISR !
4. La finance à impact en chiffres
📈 Le secteur de la finance à impact en France a progressé de 9 % entre 2019 et 2020 pour atteindre plus 4,3 Milliards d’euros d’encours, avec près de 1,9 Milliards d’euros investis au cours de l’année 2019 (dont la majeure partie a été redirigée vers les pays en voie de développement).
Malgré ces chiffres très encourageants et prometteurs, la France et l’Europe restent loin derrière l’Amérique du Nord qui concentre 58 % des actifs mondiaux.
À savoir que 69 % des investissements de la finance à impact représentent des dettes, et le reste prend la forme de fonds propres.
De manière plus détaillée, voici le panorama de la gestion de la finance à impact en 2019 :
- 49 % par des investisseurs entièrement dédiés à l’impact
- 31 % par des groupes bancaires
- 25 % foncières
- 19 % par des sociétés de gestion généralistes
- 18 % par des entreprises à impact suite à des levées de fonds auprès d’investisseurs particuliers
- 15 % par des assureurs
- 5 % par des grandes entreprises
5. Les acteurs de la finance à impact
Avant de vous énumérer les principaux acteurs de l’écosystème de la finance à impact, on va commencer par vous présenter celui qui en est à l’origine, le Global Impact Investing Network (GIIN).
Pour la petite histoire, le terme de finance à impact et ce qui en découle sont nés lors d’une réunion de la fondation Rockfeller en 2007. L’année suivante, le GIIN a été créé pour en devenir la référence et notamment fédérer les acteurs du monde financier (fonds d’investissement, banques, fondations, etc.) autour du sujet.
🌎 Aujourd’hui, la mission du GIIN est de promouvoir et encadrer la finance à impact dans le monde entier.
Au fur et à mesure des années, les acteurs publics et privés se sont multipliés dans le secteur. Aujourd’hui, on peut en définir 4 grandes catégories :
- Les régulateurs, ils ont pour rôle principal de réglementer et structurer la finance à impact (ex : labels, États, agences de notation, etc.).
- Les contributeurs, principalement originaires de la société civile comme les ONG, ils permettent d’apporter des données supplémentaires et un regard critique sur la finance à impact. Cela permet notamment d’éviter qu’elle sorte de son rôle principal et qu’elle continue de s’améliorer afin de proposer une finance toujours plus impactante.
- Les fournisseurs, ce sont eux qui alimentent la finance à impact via des actions ou des obligations comme les États, les organisations publiques et les entreprises.
6. Comment investir dans la finance à impact ?
De manière générale, la finance à impact n’émet aucune restriction vis-à-vis des classes d’actifs disponibles pour investir. Plus simplement, cela veut dire qu’elle peut concerner des produits monétaires (Livret A, Bon du Trésor, etc.), obligataires (Obligations d'entreprise, Obligation d’État, etc.), des actions, des devises, et même des actifs physiques (Immobilier, matières premières, etc.).
Cependant, en réalité, la finance à impact concerne principalement les marchés non-côtés. Comprenez ici qu’elle finance donc des entreprises ou des organisations qui ne sont pas cotées en Bourse.
Concrètement, voici donc via quels supports (liste non exhaustive) vous pouvez investir à titre personnel :
Les actions cotées
Comme vous l’aurez compris, il s’agit ici d’investir dans des grandes entreprises cotées en Bourse.
Pour connaître ces entreprises, il existe à ce jour plusieurs places boursières qui les référencent. Elles fonctionnent de la même manière que le CAC 40 ou le NASDAQ, mais enregistrent uniquement les entreprises dont l’impact social et environnemental est l’un de ses objectifs principaux ou premier.
🏦 Voici les places boursières existantes dans ce domaine :
- Social Stock Exchange (Londres)
- Social Venture Connexion (Canada)
- Impact Exchange (Singapour)
- SASIX (Afrique du Sud)
Les obligations vertes
Les obligations vertes également appelées “Green Bonds” représentent tout simplement des dettes émises par des organisations, des entreprises ou encore des États qui cherchent à financer un projet à impact comme la construction d’un immeuble à énergie propre ou la gestion des déchets et de l’eau.
Pour investir dans des obligations vertes, il suffit d’investir directement dans un fonds d’investissement obligataire possédant des obligations vertes. La plupart des grands acteurs de l’investissement possèdent des fonds d’investissement dédiés.
📌 Quelques exemples de fonds :
- Allianz Green Bond P10
- Amundi Responsible Investing Green Bonds P
- AXA World Funds Global Green Bonds A
- CM-CIC Green Bonds C
- Mirova Global Green Bond Fund N
L’immobilier
🏡 L’immobilier à impact social et environnemental est en pleine croissance. Il permet entre autres à ses investisseurs de financer des propriétés entièrement alimentées par des énergies propres ou de remplir un objectif social, comme le financement de logements sociaux pour des populations en difficulté.
Cette forme d’investissement se fait principalement par le biais de fonds d’investissement spécialisés dans le domaine tel que le fonds “Immobilier Impact Investing” initié par Cedrus Partners et Swiss Life Asset Managers.
Le crowdfunding
🤝 Le crowdfunding est la manière la plus directe d’investir dans un projet à l’impact positif. En effet, ce mode d’investissement consiste à mettre en relation les porteurs de projets et les investisseurs via des plateformes web qui garantissent le côté impactant du projet et évalue également son potentiel.
À savoir que le crowdfunding peut prendre la forme d’un don, d’un prêt (avec ou sans intérêts) ou d’un investissement en capital et que les projets à financer peuvent être très diversifiés ; immobilier, produit fini, transports, etc.
⚠️ Ce mode de financement ne garantit aucun retour sur investissement, et les sommes investis ne sont pas disponibles avant un certain temps. De plus, les montants nécessaires aux porteurs de projets sont souvent limités.
Quelques exemples de plateformes françaises de crowdfunding à impact :
Les fonds d’investissement
Depuis la création de la finance à impact, les fonds d’investissement dédiés à ce secteur se sont multipliés et consistent à investir l’argent d’entreprises, banques, organisations, particuliers... dans des projets environnementaux et sociaux à l’impact positif.
Il existe donc aujourd’hui une multitude de fonds plus ou moins risqués qui investissent dans des secteurs variés et avec des expositions géographiques diverses. Parmi les fonds et structures existants en France, on peut notamment citer :
- “Makesense Seed I” par Makesense (incubateur d’entreprises à impact social et environnemental)
- “Investir&+” (entreprise française labellisée B Corp qui investit dans des sociétés à impact social et environnemental)
- “Go Capital” (structure d’investissement qui finance des sociétés technologiques dans l’ouest de la France, avec notamment des fonds liés à l’économie maritime et durable, des projets Agtech et Foodtech, et autres projets liés à la transition énergétique)
- “FAMAE Impact” (fonds spécialisé dans les projets à impact environnemental : gestion des déchets, eau, alimentation, mobilité, énergie et consommation responsable)
- “NovESS” (fonds d’investissement des structures de l’économie sociale et solidaire)
- “Daphni” (investissement dans des structures dédiées à l’économie de demain)
- “France 2i” (fonds géré par RAISE Impact qui finance des PME-PMI dédiés à l’économie circulaire, la transition énergétique, l’inclusion sociale et la transition agricole)
☝️ Sachez que vous pouvez également vous rapprocher de votre banque pour savoir si elle référence des fonds à impact.
L’épargne salariale et retraite
Dans le cas où votre entreprise vous donne accès à de l’épargne salariale et retraite, vous avez peut-être la possibilité d’investir vos primes dans la finance à impact par le biais des fonds d’investissement proposés.
En effet, lorsque vous recevez votre prime d’intéressement et/ou de participation, vous pouvez faire le choix de la percevoir directement sur votre salaire (soumis à l’impôt sur le revenu) ou de l’investir dans votre Plan d’Épargne Entreprise (PEE) et/ou Plan d’Épargne Retraite (PER) Collectif, et ainsi profiter de ses conditions fiscales avantageuses.
Dans le second cas, vous devez alors investir votre prime sur un ou plusieurs des fonds proposés par le gestionnaire d’épargne salariale et retraite de votre entreprise. Dans certains cas, et selon le gestionnaire, vous avez peut-être accès à un ou plusieurs fonds d’investissement à impact.
😍 Par exemple, chez Epsor, pour répondre aux attentes de nos épargnants en la matière, nous leur proposons des fonds entièrement dédiés à l’impact environnemental et social comme le fonds “Echiquier Positive Impact Europe A” de La Financière De l’Échiquier.
Épargne salariale et retraite : un indispensable pour une bonne stratégie d’investissement !
Le mot de la fin…
Bien que la finance à impact nécessite un encadrement davantage poussé, notamment sur le volet de la mesure de son impact environnemental et social, elle est à ce jour la solution d’investissement responsable et social la plus pro-active.
Et les investisseurs l’ont bien compris, c’est pourquoi elle est en pleine expansion (+9 % entre 2019 et 2020). De plus, les supports d’investissement existants pour y contribuer sont nombreux ; obligations, crowdfunding, actions, fonds d’investissements, épargne salariale et retraite, etc. En effet, la finance à impact s’adapte aux moyens financiers et à l’aversion au risque de chaque épargnant désireux d’y participer.
La finance à impact sera probablement la branche de la finance responsable la plus répandue d’ici quelques années ! 🚀
Vous êtes chez Epsor et souhaitez investir tout ou partie de votre épargne salariale et retraite dans un fonds à impact ?
Nos conseillers financiers et en gestion de patrimoine sont à votre écoute pour vous orienter et répondre à toutes vos questions sur le sujet !
La finance à impact : décryptage
Sommaire
1. L’épargne salariale et retraite, kézako ?
- L’épargne salariale, comment ça marche ?
- L’intéressement en bref
- Intéressement & start-ups/scale-ups, le combo parfait
- L’intéressement en chiffres
2. Une solution gagnant-gagnant !
- Des économies pour tous
- L’épargne salariale, un outil 360°
3. Mise en place de l’intéressement : tuto !
- 7 choses à savoir sur l’accord d’intéressement
- Les 3 grandes étapes à suivre
- Les règles d’or pour un accord réussi
- Use case #1: start-up de 200 collaborateurs
- Use case #2 : start-up de 45 collaborateurs
4. 5 conseils pour bien choisir son prestataire
- Le maître mot : la pédagogie
- Une épargne qui ressemble à vos salariés !
- L’importance d’une gamme d’investissement diversifiée • RSE : priorité aux valeurs de vos collaborateurs
- Frais transparents & compétitifs
5. (Bonus) Soigner les finitions !
- Les démarches administratives, on s’en occupe !
- Communiquez, communiquez... et communiquez !
Nous gérons l’épargne de leurs salariés
“Faire de Paris le premier centre financier mondial de la finance à impact”, un objectif fixé le 25 mars 2021 par Le Ministère de l’Économie et des Finances en collaboration avec Finance For Tomorrow lors du lancement d’un groupe de travail pour promouvoir la finance à impact. Au premier abord, c’est un objectif très motivant et même séduisant ! Mais concrètement, que signifie la finance impact ? Comment cet “impact” est-il mesuré ? Existent-ils de véritables enjeux ou est-ce à nouveau du “green-washing” ? Comment un épargnant peut-il y contribuer ? Quels sont les supports d’investissement existants ?...
Noyé sous la masse d’information, il est à ce jour difficile de comprendre ne serait-ce que les différences entre la finance “verte”, la finance “durable”, la finance à “impact” ou encore la finance “responsable” !
C’est pourquoi nous avons décidé de vous faire un tour d’horizon complet sur la finance à impact et de répondre simplement à toutes les questions que vous vous posez sur le sujet !
1. Qu'est-ce que la finance à impact ?
Pour comprendre de quoi il s’agit lorsqu’on parle de finance à impact, il faut d’abord définir le terme de finance responsable, car c’est elle qui est à l’origine de toutes les finances dites “vertes”. 🌱
En effet, la finance responsable est le regroupement de l’ensemble des pratiques financières qui visent à la fois la rentabilité financière et la prise en compte de critères extra-financiers comme l’environnement (réduction de la consommation d’électricité, recyclage des déchets, etc.), le social (réduire le nombre d’accidents du travail, respect de la parité et du nombre de personnes en situation de handicap, etc.) et la gouvernance (la lutte contre la corruption, la transparence des salaires des dirigeants, une plus forte présence des femmes dans les conseils d’administration, etc.).
Comme nous l’avons évoqué précédemment, la finance à impact est une partie de la finance responsable, c’est-à-dire qu’elle vise à atteindre des objectifs plus précis. Et pour cause, les investissements à “impact” sont ceux qui :
- Recherchent explicitement à avoir un impact environnemental et social positif (Intentionnalité)
- Contribuent à maximiser l’impact environnemental et/ou social des entreprises financées (Additionnalité)
- Mesurent leurs impacts environnementaux et sociaux dans le temps et de façon continu, afin de les communiquer aux investisseurs en toute transparence (Mesurabilité)
Le fait que la finance à impact doit répondre à des objectifs de résultats mesurables sur des critères extra-financiers (exemple : la réduction des émissions de CO2) la rend en quelque sorte plus exigeante et pro-active que la finance responsable. C’est une sorte de garantie pour éviter tout phénomène de “green-washing”, et ainsi crédibiliser la finance à impact auprès des investisseurs.
Mais comment ces critères sont-ils mesurés ? 🤔
2. Comment est mesurée la finance à impact ?
☝️ Avant de s’intéresser à la façon de mesurer les critères à “impact”, on va dans un premier temps comprendre pourquoi il est important de les mesurer.
En effet, la mesure de l’impact favorise les deux parties prenantes concernées : les investisseurs et les entreprises ou organisations à impact.
Elle va notamment servir aux investisseurs :
- De communiquer sur l’impact social et environnemental de leurs investissements
- De fournir des données fiables et transparentes à leurs investisseurs
- De suivre les objectifs environnementaux et sociaux fixés
- D’identifier des opportunités d’investissement à impact
Tandis qu’elle va permettre aux entreprises ou organisations à impact :
- De se revendiquer comme un acteur à l’impact social et environnemental positif
- De communiquer sur leur statut d’entreprise ou organisation à impact
- De suivre et améliorer leurs objectifs environnementaux et sociaux
- De débloquer d’éventuels financements
Sans surprise, il est en effet primordial pour chacune des parties prenantes de mesurer l’impact !
Mais comment font-elles ? 🤔
Bien que les objectifs de la finance à impact soient clairs, les méthodologies d'appréciation et de notation sont diverses, et souvent propres à chaque société de gestion. Il n’existe donc pas encore à ce jour de méthodologie universelle.
Cela ne veut pas dire que la finance à impact ne mesure aucuns facteurs environnementaux et/ou sociaux, mais que les parties prenantes déterminent elles-mêmes leur propre méthodologie d’appréciation et de notation de ces critères.
Une énième désillusion donc pour les épargnants quant au secteur de la finance responsable… En effet, comment peuvent-ils être sûrs de la fiabilité des critères et des objectifs environnementaux et sociaux fixés par les investisseurs ? 🤷♀️
En effet, sans cadre commun universel, il sera impossible de ne pas croire à un éventuel “green-washing”, et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle c’est devenu le premier enjeu à relever (Source : GIIN, 2020 Annual Impact Investor Survey, 2020). Ce sujet a également fait partie des principaux points abordés lors de la réunion entre Le Ministère de l’Économie et des Finances et Finance For Tomorrow le 25 mars 2021, à l’occasion du lancement du groupe de travail pour promouvoir la finance à impact en France.
Cependant, le sujet n’est pas nouveau puisqu’en 2016, 16 acteurs internationaux du secteur comme le Global Impact Investing Network (GIIN), le Principles of Responsible Investment (PRI) ou encore le Global Reporting Initiative (GRI) ont commencé à se pencher sur le sujet à travers l’Impact management project.
Un projet qui vise justement à établir un consensus sur la mesure, la gestion et la communication des impacts sur la durabilité. Celui-ci permettra donc de fournir aux entreprises et investisseurs à impact des lignes directrices cohérentes sur la façon de mesurer, de rapporter, de comparer et d'améliorer l’impact. Il va également permettre d’identifier les domaines et secteurs qui ont besoin d’être impactés positivement sur le point environnemental et social.
3. ISR et finance à impact : quelles différences ?
Plus connu à ce jour que la finance à impact, l’Investissement Socialement Responsable (ISR) est également une branche de la finance responsable. 🌱
À la lecture de la première partie de cet article, vous n’avez d’ailleurs probablement pas vu les différences entre ces deux-ci, et elles ne sont pas évidentes, c’est pourquoi nous allons vous présenter succinctement et simplement celles-ci :
- L’ISR a pour objectif de sélectionner les entreprises les plus responsables de son univers d'investissement et même d’améliorer le côté environnemental, social et de gouvernance d’une entreprise, alors que la finance à impact va chercher à avoir un impact environnemental et social positif (sur la biodiversité, les énergies propres, l'accès à la santé, etc.) tout en étant mesurable.
- Selon le degré d’intensité du fonds ISR, il peut exclure ou non des entreprises et/ou secteurs ayant une activité néfaste sur l’environnement comme la production d’énergies fossiles (ex : Total). La finance à impact quant à elle finance des entreprises ayant un impact positif socialement et environnementalement comme la production d’énergies propres, mais elle peut également financer des groupes pétroliers, à condition que celui-ci ait un objectif de transition en cours de réalisation. On peut donc trouver des entreprises similaires dans l’ISR comme dans la finance à impact, mais pas dans le même objectif.
☝️ Bien que ces deux méthodes d’investissement soient complémentaires, on remarque tout de même que la finance à impact cherche à avoir un impact plus positif que l’ISR !
4. La finance à impact en chiffres
📈 Le secteur de la finance à impact en France a progressé de 9 % entre 2019 et 2020 pour atteindre plus 4,3 Milliards d’euros d’encours, avec près de 1,9 Milliards d’euros investis au cours de l’année 2019 (dont la majeure partie a été redirigée vers les pays en voie de développement).
Malgré ces chiffres très encourageants et prometteurs, la France et l’Europe restent loin derrière l’Amérique du Nord qui concentre 58 % des actifs mondiaux.
À savoir que 69 % des investissements de la finance à impact représentent des dettes, et le reste prend la forme de fonds propres.
De manière plus détaillée, voici le panorama de la gestion de la finance à impact en 2019 :
- 49 % par des investisseurs entièrement dédiés à l’impact
- 31 % par des groupes bancaires
- 25 % foncières
- 19 % par des sociétés de gestion généralistes
- 18 % par des entreprises à impact suite à des levées de fonds auprès d’investisseurs particuliers
- 15 % par des assureurs
- 5 % par des grandes entreprises
5. Les acteurs de la finance à impact
Avant de vous énumérer les principaux acteurs de l’écosystème de la finance à impact, on va commencer par vous présenter celui qui en est à l’origine, le Global Impact Investing Network (GIIN).
Pour la petite histoire, le terme de finance à impact et ce qui en découle sont nés lors d’une réunion de la fondation Rockfeller en 2007. L’année suivante, le GIIN a été créé pour en devenir la référence et notamment fédérer les acteurs du monde financier (fonds d’investissement, banques, fondations, etc.) autour du sujet.
🌎 Aujourd’hui, la mission du GIIN est de promouvoir et encadrer la finance à impact dans le monde entier.
Au fur et à mesure des années, les acteurs publics et privés se sont multipliés dans le secteur. Aujourd’hui, on peut en définir 4 grandes catégories :
- Les régulateurs, ils ont pour rôle principal de réglementer et structurer la finance à impact (ex : labels, États, agences de notation, etc.).
- Les contributeurs, principalement originaires de la société civile comme les ONG, ils permettent d’apporter des données supplémentaires et un regard critique sur la finance à impact. Cela permet notamment d’éviter qu’elle sorte de son rôle principal et qu’elle continue de s’améliorer afin de proposer une finance toujours plus impactante.
- Les fournisseurs, ce sont eux qui alimentent la finance à impact via des actions ou des obligations comme les États, les organisations publiques et les entreprises.
6. Comment investir dans la finance à impact ?
De manière générale, la finance à impact n’émet aucune restriction vis-à-vis des classes d’actifs disponibles pour investir. Plus simplement, cela veut dire qu’elle peut concerner des produits monétaires (Livret A, Bon du Trésor, etc.), obligataires (Obligations d'entreprise, Obligation d’État, etc.), des actions, des devises, et même des actifs physiques (Immobilier, matières premières, etc.).
Cependant, en réalité, la finance à impact concerne principalement les marchés non-côtés. Comprenez ici qu’elle finance donc des entreprises ou des organisations qui ne sont pas cotées en Bourse.
Concrètement, voici donc via quels supports (liste non exhaustive) vous pouvez investir à titre personnel :
Les actions cotées
Comme vous l’aurez compris, il s’agit ici d’investir dans des grandes entreprises cotées en Bourse.
Pour connaître ces entreprises, il existe à ce jour plusieurs places boursières qui les référencent. Elles fonctionnent de la même manière que le CAC 40 ou le NASDAQ, mais enregistrent uniquement les entreprises dont l’impact social et environnemental est l’un de ses objectifs principaux ou premier.
🏦 Voici les places boursières existantes dans ce domaine :
- Social Stock Exchange (Londres)
- Social Venture Connexion (Canada)
- Impact Exchange (Singapour)
- SASIX (Afrique du Sud)
Les obligations vertes
Les obligations vertes également appelées “Green Bonds” représentent tout simplement des dettes émises par des organisations, des entreprises ou encore des États qui cherchent à financer un projet à impact comme la construction d’un immeuble à énergie propre ou la gestion des déchets et de l’eau.
Pour investir dans des obligations vertes, il suffit d’investir directement dans un fonds d’investissement obligataire possédant des obligations vertes. La plupart des grands acteurs de l’investissement possèdent des fonds d’investissement dédiés.
📌 Quelques exemples de fonds :
- Allianz Green Bond P10
- Amundi Responsible Investing Green Bonds P
- AXA World Funds Global Green Bonds A
- CM-CIC Green Bonds C
- Mirova Global Green Bond Fund N
L’immobilier
🏡 L’immobilier à impact social et environnemental est en pleine croissance. Il permet entre autres à ses investisseurs de financer des propriétés entièrement alimentées par des énergies propres ou de remplir un objectif social, comme le financement de logements sociaux pour des populations en difficulté.
Cette forme d’investissement se fait principalement par le biais de fonds d’investissement spécialisés dans le domaine tel que le fonds “Immobilier Impact Investing” initié par Cedrus Partners et Swiss Life Asset Managers.
Le crowdfunding
🤝 Le crowdfunding est la manière la plus directe d’investir dans un projet à l’impact positif. En effet, ce mode d’investissement consiste à mettre en relation les porteurs de projets et les investisseurs via des plateformes web qui garantissent le côté impactant du projet et évalue également son potentiel.
À savoir que le crowdfunding peut prendre la forme d’un don, d’un prêt (avec ou sans intérêts) ou d’un investissement en capital et que les projets à financer peuvent être très diversifiés ; immobilier, produit fini, transports, etc.
⚠️ Ce mode de financement ne garantit aucun retour sur investissement, et les sommes investis ne sont pas disponibles avant un certain temps. De plus, les montants nécessaires aux porteurs de projets sont souvent limités.
Quelques exemples de plateformes françaises de crowdfunding à impact :
Les fonds d’investissement
Depuis la création de la finance à impact, les fonds d’investissement dédiés à ce secteur se sont multipliés et consistent à investir l’argent d’entreprises, banques, organisations, particuliers... dans des projets environnementaux et sociaux à l’impact positif.
Il existe donc aujourd’hui une multitude de fonds plus ou moins risqués qui investissent dans des secteurs variés et avec des expositions géographiques diverses. Parmi les fonds et structures existants en France, on peut notamment citer :
- “Makesense Seed I” par Makesense (incubateur d’entreprises à impact social et environnemental)
- “Investir&+” (entreprise française labellisée B Corp qui investit dans des sociétés à impact social et environnemental)
- “Go Capital” (structure d’investissement qui finance des sociétés technologiques dans l’ouest de la France, avec notamment des fonds liés à l’économie maritime et durable, des projets Agtech et Foodtech, et autres projets liés à la transition énergétique)
- “FAMAE Impact” (fonds spécialisé dans les projets à impact environnemental : gestion des déchets, eau, alimentation, mobilité, énergie et consommation responsable)
- “NovESS” (fonds d’investissement des structures de l’économie sociale et solidaire)
- “Daphni” (investissement dans des structures dédiées à l’économie de demain)
- “France 2i” (fonds géré par RAISE Impact qui finance des PME-PMI dédiés à l’économie circulaire, la transition énergétique, l’inclusion sociale et la transition agricole)
☝️ Sachez que vous pouvez également vous rapprocher de votre banque pour savoir si elle référence des fonds à impact.
L’épargne salariale et retraite
Dans le cas où votre entreprise vous donne accès à de l’épargne salariale et retraite, vous avez peut-être la possibilité d’investir vos primes dans la finance à impact par le biais des fonds d’investissement proposés.
En effet, lorsque vous recevez votre prime d’intéressement et/ou de participation, vous pouvez faire le choix de la percevoir directement sur votre salaire (soumis à l’impôt sur le revenu) ou de l’investir dans votre Plan d’Épargne Entreprise (PEE) et/ou Plan d’Épargne Retraite (PER) Collectif, et ainsi profiter de ses conditions fiscales avantageuses.
Dans le second cas, vous devez alors investir votre prime sur un ou plusieurs des fonds proposés par le gestionnaire d’épargne salariale et retraite de votre entreprise. Dans certains cas, et selon le gestionnaire, vous avez peut-être accès à un ou plusieurs fonds d’investissement à impact.
😍 Par exemple, chez Epsor, pour répondre aux attentes de nos épargnants en la matière, nous leur proposons des fonds entièrement dédiés à l’impact environnemental et social comme le fonds “Echiquier Positive Impact Europe A” de La Financière De l’Échiquier.
Épargne salariale et retraite : un indispensable pour une bonne stratégie d’investissement !
Le mot de la fin…
Bien que la finance à impact nécessite un encadrement davantage poussé, notamment sur le volet de la mesure de son impact environnemental et social, elle est à ce jour la solution d’investissement responsable et social la plus pro-active.
Et les investisseurs l’ont bien compris, c’est pourquoi elle est en pleine expansion (+9 % entre 2019 et 2020). De plus, les supports d’investissement existants pour y contribuer sont nombreux ; obligations, crowdfunding, actions, fonds d’investissements, épargne salariale et retraite, etc. En effet, la finance à impact s’adapte aux moyens financiers et à l’aversion au risque de chaque épargnant désireux d’y participer.
La finance à impact sera probablement la branche de la finance responsable la plus répandue d’ici quelques années ! 🚀
Vous êtes chez Epsor et souhaitez investir tout ou partie de votre épargne salariale et retraite dans un fonds à impact ?
Nos conseillers financiers et en gestion de patrimoine sont à votre écoute pour vous orienter et répondre à toutes vos questions sur le sujet !